L’évaluation du développement professionnel selon Thomas Guskey

Dans l’article Le développement professionnel : un horizon à découvrir !, vous avez fait la connaissance de Gabrielle et vous avez eu un aperçu de son parcours professionnel. Avez-vous reconnu chez vous le même désir de perfectionner votre pratique professionnelle ? Je parie que oui. Je vous présente maintenant Samuel. Il œuvre à titre de conseiller pédagogique en contexte universitaire depuis une dizaine d’années.

Quel que soit votre contexte professionnel, vous consacrez une part de votre temps et de votre énergie à vous perfectionner. Au bout du compte, quelles sont les retombées de ces nombreuses heures investies dans votre développement professionnel ? Hum… la question mérite qu’on s’y intéresse, n’est-ce pas ? C’est exactement ce qu’a fait le chercheur Thomas Guskey dans le domaine de l’éducation. Ses travaux l’ont mené à deux constats surprenants :

Dans Evaluating professional development, la question centrale de Guskey rejoint les préoccupations de tous les Samuel de ce monde et elle peut être adaptée à votre contexte : « Comment déterminer les retombées et l’efficacité des activités conçues pour améliorer les connaissances professionnelles et les compétences des enseignants afin qu’ils puissent, à leur tour, améliorer l’apprentissage des élèves ? » (Guskey, 2000, p. 1, traduction libre). La réponse se trouve dans l’application d’un processus d’évaluation à la fois réfléchi, intentionnel et délibéré.

Pour Guskey, l’évaluation des retombées est comparable à une enquête. Il insiste sur la recherche de preuves et la collecte et l’analyse de données. On le sait, la recherche d’objectivité exige méthode et rigueur. De plus, l’évaluation a toujours pour intention d’éclairer la prise de décisions.

La collecte de données sur le processus d’apprentissage professionnel permet d’enrichir les savoirs relatifs au développement professionnel des enseignants et, par là même, d’augmenter ses retombées sur l’apprentissage des élèves. En somme, pour Guskey, il est primordial de se poser les bonnes questions, de rassembler des preuves valides pour évaluer les retombées et, finalement, de communiquer les informations pertinentes aux acteurs impliqués.

Évaluer, oui, mais quoi au juste ? Bonne question ! Guskey s’est lui-même inspiré des travaux de Kirkpatrick et Kirkpatrick pour proposer 5 domaines ou niveaux à évaluer. Les voici sous forme de schéma.

À chacun des niveaux d’évaluation, le chercheur associe des questions à poser, des suggestions d’outils pour collecter les informations, un objectif à atteindre et l’utilité visée. Le tableau ci-dessous regroupe toutes ces composantes.

Pour profiter de toutes les données recueillies grâce à ce modèle d’évaluation et les mettre au service de la progression des apprenants, développer une expertise collaborative est essentiel (Hattie, 2015). Pourquoi ? Parce que les acteurs (enseignants, conseillers pédagogiques, gestionnaires, etc.) en feront ensemble une analyse plus complète. Sur cette base, ils partageront une vision commune et harmoniseront leurs pratiques professionnelles.

Dans ses travaux les plus récents, Guskey (2017) tient compte de cette perspective collaborative et ajoute 3 questions essentielles auxquelles répondre en équipe avant de s’engager dans son modèle d’évaluation :

À la lumière des réponses, les acteurs impliqués tracent ensemble leur itinéraire. Attention ! Celui-ci est toujours orienté en fonction des apprentissages visés chez les élèves. Il est composé d’activités individuelles et collectives, formelles et informelles. Les membres de l’équipe ont également la responsabilité d’évaluer les preuves recueillies afin que leurs expériences d’apprentissage professionnel améliorent la qualité de leur enseignement et, conséquemment, l’apprentissage des élèves (Guskey, 2017, p. 36).

En somme, les réponses à ce questionnement préalable faciliteront le processus de planification à rebours et permettront d’optimiser les retombées sur l’apprentissage des élèves.

L’arme secrète de Guskey pour optimiser les retombées sur l’apprentissage des élèves est la planification à rebours. C’est grâce à elle qu’il est possible d’atteindre les 5 niveaux d’évaluation du développement professionnel en éducation. Comment planifier à rebours ? Tel est, vous vous en doutez, le sujet du prochain article de cette série. Vous y découvrirez notamment comment Samuel et ses collègues élaborent leur plan annuel de développement professionnel.

Thomas R. Guskey & Associates : Learning – Grading – Leadership – Assessment